23,00
Conseillé par (Libraire)
6 avril 2024

La liberté et l'amour ne regardent personne en face

Severino et Anna sont mariés depuis de très longues années. Fou amoureux de sa promise dès le premier regard, Severino lui a juré de tout faire pour la rendre heureuse. Le temps a passé, Seve est désormais un vieil homme. Un matin, il se réveille sans Anna. Celle-ci a disparu, ne laissant derrière elle aucun message. Après un an à ruminer sa tristesse, Severino se lance enfin à sa recherche car une femme doit rester auprès de son mari pour toujours, c'est ainsi que les choses doivent être. Où est Anna ? Et qui était Anna, au fond ? Anna a été plusieurs personnes sans jamais vraiment être elle-même. Fille chérie d'un père adoré qui est parti pour toujours lorsqu'elle avait 12 ans, elle en a eu le cœur brisé. Par ce geste, il mettait en application l'une des grandes leçons transmises à sa fille : ne faire que ce qu'elle voulait car elle était libre. Pourtant, trop blessée par cet abandon, Anna ne saura jamais décider de son destin et n'aura de cesse de se plier aux exigences des autres, en devenant couturière, épouse et mère. Ses rêves, sa souffrance et son désir de fuite seront dès lors scellés dans le ventre rembourré d'une poupée de chiffon, car c'est ainsi que les choses doivent être. Quant à Peppe, le père absent, était-il vraiment libre une fois avoir pris le large ?
De chapitre en chapitre et à plusieurs époques, nous suivons Severino, Anna et Peppe, remontons leurs souvenirs, entrons petit à petit dans leurs cœurs et leurs psychés. Mélancolique, ce récit l'est assurément, mais il nous propose aussi un sublime voyage où chacun(e) tente malgré tout de faire la paix avec ses erreurs, ses regrets ou ses démons, et de reprendre en main une vie qui à un moment ou un autre leur a échappé pour devenir quelque chose qui ne leur ressemble pas. Comme le dit justement Serafina, la mère d'Anna, l'amour peut être autant une chose merveilleuse qu'un poison. De villages en petites îles, l'auteur nous promène sur les routes de Sicile en compagnie de ces personnages à la superbe intensité dont le parcours et les pensées nous touchent en plein cœur. Malgré la difficulté de mener une vie authentique, ce roman nous souffle une promesse : il n'est jamais trop tard pour se pardonner, jamais trop tard pour vivre. On le referme bouleversé. Quelle joie que cette découverte !

Lennon Ferdia

Buchet-Chastel

23,00
Conseillé par (Libraire)
10 avril 2024

Antiquités foutraques

Ferdia Lennon coche des cases peu banales. Il est de père libyen et de mère irlandaise et il est diplomé en littérature antique du prestigieux University College de Dublin. Nous avons donc affaire à un auteur irlandais pour qui la Méditérannée n'est pas un sujet à prendre à la légère. Ce premier roman repose sur une idée là aussi très peu banale. Gélon et Lampo vivent en 412 avant JC à Syracuse, ville alors sous la domination des spartes, qui viennent juste de faire vivre à Athènes une de leur pire défaite. Ils sont potiers, et surtout pieds nickelés de tavernes, ou on leur refuse de plus en plus l'accès, vu qu'ils n'ont pas un drachme pour payer leur tournée. Alors d'où va leur venir cette idée totalement baroque de mettre en scène Médée et les Troyennes d'Euripide, avec les prisionniers grecs qui agonisent en plein soleil dans une carrière de pierre à l'extérieur de la ville. Parce la vie est bigger than life, et que les rois du théatre, ce sont les athéniens, fussent-ils mourants et vaincus. La meilleure preuve en est qu'Euripide est athénien, et pas spartiate. Et pour Gelon et Lampo, le theatre, c'est la vie. S'en suit une épopée assez burlesque, quoique souvent hallucinée, et le tout, car ne l'oublions pas, Ferdia Lennon est irlandais, et écrit avec une langue aussi fleurie que celle que vous entendriez au fin fond d'un pub du fin fond du Donegal. Livre réjouissant sur la foi dans le pouvoir de l'art et des outres de vin.